EEMPA 2018 aura lieu le
5 décembre 2018
à l’université Paris-Diderot
Bâtiment Olympe de Gouges, 5e étage, salle 533
8, place Paul Ricœur, F-75013 Paris
Métro/RER 'Bibliothèque François Mitterrand' – Bus 89 (arrêt 'Porte de France')

Le colloque est organisé par :

Ce workshop réunit des travaux consacrés au mouvement associé et à la posture associés, ainsi qu’aux chemins de grammaticalisation menant à, et partant de ces catégories, en particulier ceux menant à des systèmes grammaticaux influençant la description des événements au sens large (TAME, structuration du discours).

Le « mouvement associé » est un nouveau concept descriptif et comparatif issu de la linguistique des langues australiennes (Koch 1984; Wilkins 1991) et, plus récemment, sud-américaines (Guillaume 2006; Guillaume 2016), où il renvoie, au sens restreint, à une catégorie grammaticale verbale, différente du TAME et de la direction, dont la fonction est d’associer, de différentes manières, différents types de mouvements translationnels à l’évènement exprimé le verbe (e.g., ‘aller / venir / se déplacer et ensuite V, ‘V et ensuite ‘aller / venir / se déplacer’, ‘V en ‘allant / venant / se déplaçant’, etc.). Le concept de « posture  associée », utilisé par (Enfield 2002) pour la description de la composition verbale en Lao et par (Vuillermet & Grinevald 2016) pour la description d’affixes verbaux en ese ejja, n’a quant à lui pas encore de tradition établie. Nous l’entendrons, par analogie au phénomène de mouvement associé, au sens d’une autre catégorie grammaticale verbale dont la fonction est d’associer, de différentes manières, différents types de postures à l’évènement exprimé par le verbe (e.g., ‘V assis, debout, couché, etc.’).

Bien que le workshop portera plus particulièrement sur mouvement et posture associés au sens strict, il s’intéressera aussi aux chemins de grammaticalisation (au sens de (Bybee, Perkins & Pagliuca 1994)) liés à ces deux types de configurations, et en particulier à leurs grammaticalisations ultérieures. Il a été établi que marqueurs de mouvement et de posture associés développent fréquemment de nouvelles fonctions, s’organisant volontiers en microsystèmes complexes. De tels systèmes peuvent exclusivement combiner des marques (ou anciennes marques) de mouvement et posture associés, comme cela a été établi pour l’iwaidja dans (Caudal & Mailhammer 2016), ou leur ajouter des marqueurs appartenant à d’autres micro-classes notionnelles aussi fortement enclines à se grammaticaliser (possession, locatif…). Les nouvelles fonctions couvertes par de tels systèmes de marqueurs peuvent être par exemple liées à la structuration du discours (Singer 2006; Bourdin 2008), au TAME au sens large (donnant naissance à des sous-systèmes de temps, aspect et modalité, des systèmes de connecteurs discursifs…), ainsi qu’à la deixis, au passif…. Voir (Newman 2002; Devos & van der Wal 2014) pour quelques illustrations de tels développements. La constance avec laquelle on retrouve ces catégories à la source d’un large éventail de phénomènes grammaticaux au travers des langues atteste de leur fonction de grammaticalisation profonde (Bourdin 2014:119). Ce fait nous semble prendre un relief particulier à la lumière de récents travaux expérimentaux mettant en évidence les rapports intimes liant perception posturale, perception du mouvement et apprentissage linguistique, cf. (Pfeifer 2006; Benitez & Smith 2012; Morse et al. 2015). De telles découvertes invitent à penser que les catégories du mouvement et de la posture associés, offrent un potentiel d’investigation non seulement vaste, mais aussi possiblement central à notre discipline, car touchant aux rapports les plus profonds entre langage, et perception de soi comme du monde.

References